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Diane Arbus par Violaine Binet


Toute sa vie et jusque dans sa mort (suicide en 1971), Diane Arbus se sera efforcée de brouiller les pistes. Celle qui avançait : « Je suis née tout en haut de l’échelle et depuis, toute ma vie, j’en ai dégringolé aussi vite que j’ai pu », s’est toujours entourée d’un bestiaire des plus étranges, peuplés d’hommes grimés (A young man in curlers at home on West 20th street », 1966), de jumelles diaboliques (Identical Twins, Roselle, New Jersey, 1967) ou de géants protecteurs (Eddie Carmel, 2.34m, voire A jewish giant at home with his parents in the Bronx, 1970).


La jungle urbaine aura été le royaume de cette anthropologue révoltée (qui a aussi travaillé pour Condé Nast, Harper’s Bazaar ou Vanity Fair) brandissant son objectif, neutre mais sensible, à la manière d’une Lisette Model. Violaine Binet, ancienne rédactrice en chef adjointe de Vogue, lui consacre un ouvrage, Le corps sans organes (clin d’œil au concept de Deleuze et Guattari), dense et nourri, qui aurait suscité le courroux de cette insoumise discrète aspirant à l’anonymat qui affirmait : « Trop d’éclat crée en moi comme un vide. C’est l’anonymat qui éveille ma curiosité ».
F.O.

Diane Arbus – Corps sans organes de Violaine Binet (Grasset),
285 pages, 18,90€



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